StroumMonitor, la vigie qui n’a jamais viré au rouge

Published on February 20, 2023

Rencontre avec Carlo Bartocci, Mona-Lisa Morga et Martine Funk qui reviennent sur le développement du projet.

Le dispatching de Bettembourg, d’où est organisée la régulation du réseau électrique. Photo : Creos

Le 9 décembre, dans une Europe traversée par l’angoisse de coupures de gaz ou d’électricité, le ministère de l’Énergie dévoilait StroumMonitor, un outil développé par Creos, à destination du grand public, pour suivre au jour le jour l’état de tension du réseau électrique.

Le StroumMonitor a été présenté le 9 décembre. Quel premier bilan en tirez-vous ?

L’outil a été pensé pour les ménages, afin de les informer sur l’état de tension du réseau électrique. Jusqu’ici, nous sommes toujours restés au vert. Nous n’avons donc jamais eu besoin d’informer au sujet d’un système électrique tendu (couleur orange), voire très tendu (couleur rouge).

Quelle a été la genèse du projet ? Qui en a eu l’idée ?

Le développement du StroumMonitor a duré huit semaines, au cours desquelles le projet s’est affiné, notamment avec l’affichage dynamique des prévisions de pointe pour le lendemain. En effet, ces dernières peuvent évoluer d’un jour à l’autre.

L’idée vient du ministère de l’Énergie, qui souhaitait un outil comparable à la plateforme française Ecowatt, pour informer le grand public de la tension sur le réseau électrique et l’amener vers des gestes d'économie. Cet hiver en France, plus de la moitié des réacteurs nucléaires étaient en maintenance, d'où l'inquiétude qui naissait au sujet de la sécurité des approvisionnements électriques.

Le contexte est ici différent : nous importons 80% de notre électricité, très majoritairement du réseau électrique allemand, le reste provient de notre production nationale (hydroélectrique, éolien, biomasse, photovoltaïque, un peu de valorisation énergétique des déchets...)

Nos interlocuteurs allemands doivent nous prévenir s’ils font face à une situation problématique. À ce moment, le signal sur le StroumMonitor passe du vert à l'orange, voire au rouge. Nous conseillons alors à nos clients de réduire leur consommation. Mais une fois encore, l'occasion ne s'est jamais produite, ni chez nous, ni en Allemagne.

Quels efforts avez-vous pu constater en matière de sobriété énergétique ?

Au Luxembourg, au cours de l’hiver, tous les secteurs ont économisé de l’énergie. La consommation de gaz a reculé de 30%, la baisse est moins prononcée pour l'électricité (environ 10%). Tout le monde a plutôt joué le jeu dans l'Union européenne, en conséquence la situation a été moins tendue qu'anticipé, d'autant que cette saison a été relativement douce.

Le StroumMonitor est-il prévu pour durer ? Enrichi de nouvelles fonctionnalités ?

L’outil est en place, nous entendons le maintenir et, pourquoi pas, y apporter des améliorations. Avant cela, il pourrait être utile de comprendre comment le StroumMonitor est utilisé, combien de personnes le regardent, via notre site, l’API, le widget ou le flux RSS.

Par ailleurs, les ménages demandent quelque chose de simple, lisible. Rajouter de l’information, donc de la complexité, n’est pas évident. Si on veut en savoir plus, les données officielles de tous les États et gestionnaires de réseaux se trouvent sur la European Transparency Platform. Encore faut-il savoir correctement interpréter ces données complexes, ce qui ne va pas toujours de soi, même pour les professionnels.

Quelle est, aujourd’hui, l’éventualité que le StroumMonitor passe au rouge ?

Extrêmement faible. Et il faut savoir qu’en tel cas, nous nous dirigeons d'abord vers le Service Information et Presse pour une communication gouvernementale, mais aussi vers les médias pour alerter le plus possible la population. Le StroumMonitor est un outil intégré à la panoplie dont nous disposons pour communiquer en cas de crise, mais ce n’est pas un canal officiel de communication.

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